Une petite folle perdue ? [pv Gani]

Calypso avançait, la peur au ventre. Elle en avait assez de tout ça. Assez de marcher au milieu des armures qui l'ignoraient royalement. Assez d'être là, en « mission » pour le roi, qui encore une fois lui avait confié la basse besogne. Assez de vivre pour cet imbécile, qui possédait tout pouvoir sur elle. Et en même temps assez de vivre car elle avait plus de liberté que tout le monde. Pourquoi le roi n'avait t-il pas confier la mission d'aller chercher le capitaine à un minuscule page ? En fait, il ne savait juste pas qu'elle détestait prodigieusement les armures. Car elle n'avait jamais pu en faire partit. Depuis qu'elle était jeune, elle avait toujours rêver de se battre sur les champs de bataille, accompagné des autres armures, tel une famille soudée... Elle voulait combattre des barbares, défendre ses droits, vivre pour son royaume... Mais cela lui avait été refusé. A cause de ses parents... Depuis, elle en voulait aux armures. Ils n'étaient en fait pas si différents des robes. Peut être pas aussi corrompus, mais ils avaient les même principes. Ils ne jugeaient pas la personne, mais son entourage.

Tiens, encore un qui venait de passer. Pas même un salut de tête, un petit bonjour, un minuscule sourire... Était-ce parce que en portant l'armure, les armures devenaient elle même des machines, et oubliait jusqu'au moindre sentiment d'amour et de compassion ? Ou alors était-ce juste parce qu'elle était elle même ? A leurs yeux, et aux yeux du monde entier, elle était le fou du roi. Un être qui fait rire, pleurer aux larmes, qui jongle, fait des acrobaties... Personne ne savait, à par le roi et peut-être sa fille, qu'elle était aussi l'une des principale conseillère de leurs altesse. Que le roi lui demandait tout le temps son avis. Qu'elle était assise à la gauche, alors que la princesse n'avait jamais eu droit à cet honneur. Elle agissait dans l'ombre, et une armure la considérait comme une cendre qui ne mérite pas le respect. Logique. Et assez humiliant.

Et mince... Pourquoi fallait-il tout le temps qu'elle rêve ? Ce n'était pas tout de même très compliqué de rester concentrer ! Maintenant elle était perdu ! Elle pouvait faire marche arrière, mais elle n'était même pas sûre de pouvoir revenir à l'entrée... Elle allait donc devoir... Oh non, misère... Elle allait donc devoir demander son chemin ! Et en plus à une armure ! Sauf qu'il n'y avait plus personne dans le couloir où elle se trouvait... Quoi que, au bout, elle apercevait un jeune homme. Il pourrait surement faire l'affaire. Sans attendre, elle se dirigea vers lui, et lui demanda d'une voix qu'elle modela incertaine :
- Dites, est-ce que vous sauriez ou se trouve le capitaine ?

- Bonjour... Euh, le capitaine... Non, désolé ma demoiselle, il est peut être a son bureau… Et encore… Si vous avez de la chance… Vous voulez que je vous y conduise ?

Calypso eu un instant d'hésitation. Pas parce qu'elle ne savait pas répondre, non, la réponse était évidente. Non, c'était le ma demoiselle qui la faisait hésiter. Personne ne l'avait jamais appelé comme ça. Au palais, tout le monde la connaissait, et on la traitait comme une petit sœur sympathique, on l'apostrophait, la hélait pas son nom, ou même des fois par un diminutif... Elle goûtait aussi du « Hé, petite ! » ou du « Hé, ma jolie ! » des gardes du palais, mais ils comprenaient très vite qu'elle n'était pas juste une servante, et ainsi réadaptaient leur langage. Lorsqu'il y avait des grands bals, les ambassadeurs et autres personnalités qui pensaient qu'elle était une perle comme les autres l'appelait madame, ou domna. Ils pensaient qu'elle était mariée, comme toutes les autres jeunes filles perles à dix neuf ans... Elle ne relevait jamais, se contentait de sourire, de rigoler... Mais cette fois, quelqu'un lui avait dit ma demoiselle. Les armures étaient-elles donc si différentes de l'opinion qu'elle s'en était faite ? Que savait-elle en réalité ? Rien. Elle avait juste des préjugés, et il était peut-être temps de les faire tomber.

- Et bien, si ça ne vous embête pas, oui, j'aimerais bien que vous m'y conduisiez... Je ne suis jamais venu ici, et j'avoue que je suis un peu perdue. Mais je manque à tout mes devoirs, j'ai oublié de me présenter. Calypso Sinilger. Et vous ?

Et tandis qu'ils commençaient à avancer et que l'inconnu devenait justement quelqu'un de familier, en lui donnant son nom, et en se présentant, la jeune fille eu soudain envie de demander ce que pensait vraiment d'elle ce jeune homme. On lui avait dit que les armures étaient franches, et même parfois cassantes, car elles disaient toujours la vérité, et en aucun cas ne cherchaient à moduler leurs pensées pour les rendre plus belle et moins blessantes. Peut-être qu'il lui répondrait franchement, comme les autres, qu'il la méprisait, et qu'il ne l'aidait que parce que c'était dans ses principes. Peut-être qu'il lui dirait qu'il s'en moquait, et qu'elle était comme les autres. Peut-être ne lui dirait-il rien, car ce n'était pas dans son boulot de faire la conversation en la conduisant chez le capitaine. Devait-elle essayer ? Et puis, en même temps, qu'avait-elle à perdre, au juste ? Au moins pour une fois elle saurait l'opinion d'une armure sur elle. Elle prit une grande inspiration, et demanda d'une traite :
- Je me demandais, que pensez vous de moi ?