Trois roses épineuses [pv Elytiel&Kaliegh]

Calypso poussa la porte de la taverne. Elle avait envie de boire un verre, pou se détendre un peu. Elle sortait d'une audience avec le roi, et celui ci ces derniers temps était vraiment insupportable. Bougon, de mauvaise humeur, il devenait difficile de le faire rire, ou encore de lui arracher un sourire. Mais bon, c'était son métier, et elle s'y tenait. Mais bon, comme tout les cendres, à la sortie du travail, elle aimait aller dans les tavernes pour picoler un peu et discuter de tout et de rien. Si seulement cette affirmation était vraie... Elle n'avait aucune connaissance cendre, mis à part une ou deux servantes et une serveuse de cet établissement. De plus, Calypso n'était pas quelqu'un de sociable. Donc il fallait plutôt dire qu'elle aimait aller dans les tavernes pour picoler un peu, histoire de faire comme tout le monde, et aussi pour regarder les autres. Elle s'amusait à deviner qui ils étaient, quelle était leur vie... Un passe temps comme les autres en somme.

Habituellement, quand elle passait, il n'y avait presque personne, au maximum dix buveurs habitués, comme elle... Mais aujourd'hui, la jeune folle avait oublié un petit paramètre. Elle avait discuté plus longtemps que prévu avec le roi, et était passée se changer avant de descendre les escaliers de la magnifique ville perle pour aller dans les ruelles cendres tortueuses et poussiéreuses. Le soleil était sur le point de se coucher, et tout les travailleurs et les miliciens avaient eu la même idée qu'elle. D'ailleurs, il y avait un autre paramètre qu'elle avait oublié. A l'heure là, lorsqu'on est une jeunette qui n'a pas encore ses vingts ans, on évite de descendre dans les tavernes seules. Toutes les cendres le savaient, et c'était le seul moyen qu'avait trouvé le gouvernement pour limiter les viols et abus de tout genre. Prévenir, demander un couvre feu pour les demoiselles... Mais elle avait été élevé chez les perles, et cette évidence ne la traversa que lorsqu'elle franchit le seuil, et que les effluves d'alcool lui arrivèrent à la figure. Seule. Elle n'était pas cette fois entourée de ses deux amis et collaborateurs, qui en plus d'être d'un naturel joyeux avaient des muscles et des arguments pour éloigner les importains. Il ne devait rester que deux tables de libre. Elle avait deux choix.

Ou elle se dirigeait d'un pas assuré vers une table et prier de toutes ses forces que tout ce ramassis d'hommes fatigué d'un journée de travail sachent se tenir. Ou alors se retourner, faire le chemin inverse et rentrer au palais. Oui, mais dans ce cas le temps qu'elle traverse la ville cendre il ferait nuit. Il n'était pas forcément prudent de se déplacer seule aussi la nuit. Puisque dans les deux cas il y avait des risques, autant se fatiguer le moins, et rester à la taverne. Tandis qu'elle réfléchissait, la patronne lui lança un regard noir en montrant la porte. Mince, elle était en train de crée un grand courant d'air, et les manches de sa chemise volaient sans qu'elle s'en rende compte. Elle ferma rapidement la porte, et se maudit elle même. Elle aurait pu choisir des vêtements normaux, ou même des vêtements de fou. Non, il avait fallu qu'elle prenne cette chemise sans boutons fendue aux manches et très décoltée, d'un blanc presque immaculé, avec une long pantalon noir moulant qui montait jusqu'aux côtes, soulignant sa taille de guêpes et ses jambes musclées. Le marchant lui avait dit que c'était les tenues que portaient les armures au front, détendues et à la fois pratique en cas d'attaque. Elle avait aimé, et acheté. Stupide enfant...

Bref, elle n'allait pas resté planté là, devant la porte, alors que des regards commençaient à se tourner vers elle. Là bas, au fond, une des tables n'avait pas d'occupants. Elle s'y dirigea à longues et rapides enjambées. Elle s'assit doucement sur la chaise, dos au mur pour pouvoir voir tout le monde, et croisa les jambes en attendant qu'une serveuse vienne prendre sa commande. Peut-être Elityel était-elle là aujourd'hui ? Mais même si c'était le cas, elle n'aurait probablement pas de temps à lui consacrer... La jeune fille poussa un soupir. La soirée ne se déroulait pas comme elle l'avait prévu. Et en plus, voilà qu'un abrutit se dirigeait vers sa table... Si il avait été ivre, elle aurait été rassurée. Mais le problème venait du fait que cet homme marchait droit, et souriait. Bien sûr, il pouvait avoir bu un verre, mais il avait encore les idées claires. Problématique, vraiment, surtout quand, sans demander l'autorisation, il tirait la chaise à côté d'elle et prenait place, les coudes sur la tables et les yeux regardant un peu trop au niveau de la poitrine. La raison voulait qu'elle lui mette un bonne gifle. La pratique, et le fait qu'elle se sentait lasse, lui firent juste se décaler plus loin et prendre la parole d'une voix assez monocorde :

- Je ne sais pas pour qui vous vous prenez monsieur, mais ayez l'obligeance de partir de ma table, j'attends quelqu'un.

Et elle aurait parler un mur sans beaucoup plus d'effet. Il haussa les épaules, toujours ce sourire aux lèvres, un peu comme une certaine armure il y avait de cela un peu moins d'un mois... Il devait être un milicien, hypothèse qui se confirma lorsqu'il déplaça à son tour sa chaise pour se trouver juste à côté d'elle, et qu'il lui murmura ce qui en tant normal aurait fait office de mots d'amour, mais qui lui donnaient juste envie de vomir plus loin, tant l'allène était mauvaise, et le visage inconnu trop proche.

- Mam'selle, pourquoi ne pas vous amusez un peu avant que celui que vous attendez arrive ? Il n'en saura rien, je saurais tenir ma langue ! Un petit baiser, et plus même, vous me devez bien ça !

Et alors qu'il approchait ses lèvres des siennes, elle détourna la tête, et donna un discret coup de pied sous la table dans le tibia de l'inconnu. La douleur ne devait pas être insoutenable, mais tout de même, il devait le sentir. Elle aurait volontiers visé plus haut, mais elle avait fait dans l'urgence, et ne tenait pas non plus à ce que toute la salle se retourne vers elle. Le beau parleur grimaça, et sembla soudain moins disposé à faire dans la douceur. Alors qu'il lui prenait le bras et la plaquait contre le mur de la taverne, la jeune folle vit une silhouette féminine se lever d'un des tables et s'avancer vers eux. Elle aurait bien dit ouf, mais il était difficile de parler et en même temps de se débattre. Il restait à espérer que la nouvelle venue réussirait à distraire ce milicien...

Kaleigh se trouvait dans la taverne depuis le début de l’après midi. Ayant volé la bourse d’un bourgeois qui s’était baladé sans faire attention dans la rue, elle avait considéré qu’elle pouvait se permettre un demi jour de repos. Au fil de la journée, des personnes qu’elle connaissait, pour être du même milieu qu’elle, commencèrent à rejoindre la table qui devint presque remplie. Ils n’étaient pas réellement des amis à proprement parler, mais des personnes qu’elle avait pris l’habitude de côtoyer et avec qui passer du temps ne la dérangeait pas. Elle était l’unique représentante du sexe féminin dans l’ensemble, et franchement, ça ne la dérangea pas. Elle en était presque plus à l’aise. Les sujets de conversations des hommes l’intéressaient mais surtout lui parlaient plus que tout ce qui était mode, bijoux, produits de beauté et compagnie. Pas vraiment féminine, mais que voulez vous, quand on vit du vol et de l’assassinat, on ne se pose pas le genre de question que devrait se poser une personne du même sexe et du même âge. Peu importe, elle ne s’en porte pas plus mal.

Même lorsqu’une jeune fille entra dans la taverne à une heure aussi tardive, vêtue d’un haut blanc à manches et d’un pantalon serré noir, elle ne s’en sentait pas gênée. Elle ressentie simplement un sentiment de blasée lorsque ses camarades, après avoir bien reluqué la nouvelle venue, se retournèrent presque dans un mouvement uni vers elle. Certains, ce fut par compassion et lui faire ressentir qu’elle aussi ils peuvent la regarder. D’autres, pour essayer de se convaincre qu’ils pouvaient se contenter de sa compagnie. Les derniers, enfin, lui lancèrent un regard qui voulait demander pourquoi elle ne faisait pas parfois des efforts pour ressembler à la demoiselle. En effet, contrairement, à cette dernière, Kaleigh portait un débardeur noir moulant, certes, mais qui n’avait rien de spécial, à par être simple et plus pratique à porter que ce genre de haut à longues manches à ne plus savoir quoi en faire et juste bon à s’accrocher un peu n’importe où. Pour ce qui était du pantalon, les deux jeunes femmes portaient à peu près la même chose, sauf que Kaleigh avait opté pour un pantalon un peu plus large et en toile. Elle trouvait que c’était un bon choix niveau confort. Mais de toute manière, qu’espéraient-ils ? Elle vole et tue pour gagner sa vie, forcément qu’elle ne porterait pas de blanc ! C’est trop voyant au soleil, et puis surtout, c’est salissant.

Kaleigh se contenta de soupirer et de prendre une grande lapée de son breuvage, relançant par la même occasion les conversations qui avaient étés abandonnées pour la contemplation de la jeune inconnue. Très vite pourtant, elle fut au centre de ces dernières, chacun allant sur ses pronostics : célibataire ? Mariée ? Amant ? Fiancée ? A la recherche ? Puis les conversations dévièrent lentement mais surement sur le genre de position elle pourrait apprécier, les jeux sexuels qui pourraient être de son goût, etc. pas vraiment de sujet auquel pouvait participer en tout cas Kaleigh qui s contenta de sourire, amusée par leurs divagations qui reflétaient plus leurs souhaits que leurs vraies suppositions sur les goûts de la jeune femme. Un de ses camarades osa un regard vers elle, commençant à vouloir laisser sortir de sa bouche quelques sons qui ensembles auraient formé une question du genre « et toi tu préfères quoi ? ». Cependant, il s’arrêta dans sa lancée en voyant l’aura menaçant qui enveloppait Kaleigh sans même qu’elle ne s’en rende compte, cette dernière voulant dire « si tu oses poser la question, tu le payeras de ta langue ». Un fou rire général prit l’ensemble de la tablée, réussissant même au final à tirer un petit rire aux deux concernés.

-En tout cas, la belle n’a pas l’air d’être de celles qui aiment être plaquée au mur !

Kaleigh arrêta de rire, se demandant d’abord ce qu’il entendait par là, avant de suivre le mouvement de tête de ses compagnons, en direction de la table à laquelle s’était installée l’inconnue. Un homme l’y avait apparemment rejoins et tentait à présent de lui forcer un baiser, au minimum. Elle ne prit pas le temps de réfléchir aux conséquences de ses actes. D’un coup, elle se leva et se dirigea d’une traite vers l’homme. Elle l’attrapa alors sans prévenir par le col, le tirant d’un coup sec, le tout en donnant un bon grand coup dans la colonne vertébral, histoire de bien lui faire mal. Elle frappa alors violemment la tête du concerné sur la table à deux reprises. Il commençait à avoir une petite égratignure saignante sur le front, mais surtout, il était à présent étourdi. Elle ne perdit pas de temps, et sortit de sa botte une dague qu’elle plaça devant les doigts de la main étalée sur la table de l’intéressé. Elle s’apprêta à donner un coup sec, lorsqu’elle arrêta son geste. Une grande hésitation la prit. Elle se tourna alors vers l’inconnue, tout d’abord pour s’assurer qu’elle allait bien. Elle sembla pour elle ne pas en avoir trop subie, ce qui la rassura. Elle lui posa alors une seule et simple question.

-Trois ou un ?

Question anodine ? Non, pas vraiment. Ce qu’elle demandait par là c’était : je lui coupe trois doigts ou la main entière ? Elle détestait ce genre de malotru, et avait un grand principe qui consistait à ne jamais laisser en un seul morceau les hommes aussi odieux et irrespectueux. Elle affichait un air calme, voir limite serein, attendant la réponse de l’intéressée. Par contre, elle devait se dépêcher de répondre, sinon Kaleigh devrait faire suivant son feeling, pour ne pas laisser le temps à l’homme de retrouver ses esprits.

Durant le début de la soirée, un groupe de client qu'elle ne se rappelait pas avoir déjà vu prirent place dans la taverne. Un groupe ne contenant qu'une seule femme. Assez belle, cheveux brun, le corps svelte... Elle n'avait pas l'aire inquiète pour le moins du monde... Elle surprit quelque mot de leur conversation de temps à autre et entendit certaine chose qu'elle aurait préféré ne pas entendre... À part cela, son quart de travail passa assez rapidement et sans incident.

Alors qu'Elityel allai donner le relais à Holly, une serveuse qui la remplaçait pour le reste de la soirée, elle vit, du coin de l’œil, Calypso entrer. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Cela faisait un petit moment qu'elles ne s'étaient pas vues et Elityel s'y était attachée. Pendant qu'elle faisait cette réflexion elle s’engouffra dans l'arrière-boutique, soit le bureau de sa patronne. Elle remplit la feuille de temps avec cette dernière et les deux filles (elle et sa patronne) discutèrent quelque minute. Elityel s'entendait bien avec la jeune brune et elle n'aurait jamais pensée trouver un aussi bon employeur...

La conversation qu'entretenaient les deux jeunes adultes se brisa brusquement lorsque deux coups retentirent... deux coups très fort. Différent que le bruit que produit une chope sur une table... Les femmes se levèrent tout deux d'un bon et se dirigèrent vers la salle à manger. Elityel était devant et la scène qu'elle vit l'étonna au plus haut point.

La jeune femme svelte tenait la main d'un homme d'une main, une dague dans l'autre et fixait Calypso à la table de cette dernière. Il ne lui fallut pas plus d'une seconde pour comprendre ce qui se passait. L’atmosphère était tendu au plus haut point, personne n'osait parler et tous regardait la scène, violente et étrange, qui se déroulait devant leurs yeux. Puis, trois mots fusèrent. Très sec. Une question.

-Trois ou un?

Elityel compris rapidement ce qui se passait et ce qui allait se passer si personne ne faisait rien. Bien que l'homme l’ait surement mérité, elle ne pouvait quand même pas couper les doigts ou la main de quelqu'un comme cela, en plein publique?

Est-elle folle?

La jeune femme habillée de noire avait l'air tout à fait sérieuse.

Va-t-elle vraiment le faire?

Sérieuse et dangereuse.
Des questions se bousculaient dans la tête de la jeune blonde et elle avait peur d'y découvrir la réponse. Quelqu'un devait intervenir, Quelqu'un devait... Oui, mais qui? Elityel regarda autour d'elle. Personne ne semblait vouloir bouger et sa patronne regardait la scène, bouche-bée et désespérée.

La jeune femme avait peur. Peur de ce qui allait se passer, peur de l'inconnue et peur de l'arme blanche. Elle ne sut pas ou elle trouva la force de bouger, mais elle se déplaça rapidement vers l'inconnue. Puis, sans hésitation, elle prit dans sa main le poignet de la dangereuse brune.

- Aucun! Je sais qu'il mérite de souffrir, mais dois-je vous rappeler que vous êtes dans un établissement public? Vous pourriez vous attirer des ennuis. Laissez-le partir. Il vient de se faire humilier devant ses pairs par ce qu'il considère comme la race inférieur. On ne le reverra pas de sitôt. Pour le punir un peu plus, sa bourse servira à payer la tournée générale! C'est inutile de faire couler le sang.

Bien que la jeune femme avait dit cela avec une voix sure d'elle et autoritaire, il était facile de voir qu'elle avait peur. Cela se lisait dans son regard, dans ses tremblements légers, mais incontrôlés...

-Trois ou un ?

Grande question existentielle, lorsqu'on ne sait même plus où regarder. Et lorsque l'homme qui deux secondes avant vous menaçait se retrouve mystérieusement assommé, une main si la table... Trois ou un quoi ? Doigts ? Une forte envie de répondre aucun, mais étrangement, voir cet inconnu en si mauvais position lui faisait du bien. Voir qu'en plus c'était une femme qui l'avait aidé la rassurait. Si c'était un homme soul qui tenait le couteau, elle aurait pu s'inquiéter un peu, et se demander si elle n'échappait pas à un malheur pour en gagner un plus grand. Mais c'était une femme, qui pouvait la comprendre, qui avait elle aussi peut-être subi la même situation. Cheveux noirs, vêtements dans les même teintes, elle semblait contraster complètement avec la jeune folle. Elle semblait concentrée, le regard déterminé, sérieuse... Un peu le contraire de Calypso. Et pourtant, en cet instant, alors que tout les regards étaient braqués sur elle, elle était tentée de répondre un, tout simplement.

Un, pas trois. Non pas par compassion, mais plus par méchanceté justement. Avec trois doigts en moins, il pourrait devenir à plaindre. Pourrait prétexter une blessure de guerre, pourrait retourner la situation à son avantage... Un doigt en moins, c'était bien mieux. Une blessure autant morale que physique. Une blessure qu'il ne pourrait montrer à tout le monde, car elle prouverait qu'il s'était mal comporté. Une blessure qui lui fermerait les portes, et le pousserait à ne jamais recommencer. Si l'étrangère en noir n'avait pas été là ce soir, que ce serait-il passé ? Elle aurait peut-être pu se défendre, mais après ? Si, comme Lana, une servante du palais, elle se faisait violer sans que personne ne lève le petit doigt ? En pensant à cette pauvre enfant, sa volonté se durcie. C'était peut-être lui qui avait fait cela. Peut-être lui ou un de ses amis. Il devait payer. Pour Lana, pour elle aussi, il n'avait pas le droit de repartir sain et sauf...

Alors qu'elle ouvrait la bouche, un sourire dur sur les lèvres, pour annoncer sa réponse, elle vit du coin de l'œil Elityel s'avancer. Elle était finalement là ? Elle ne tombait pas au bon moment, c'était le cas de le dire. Si elle s'était installée un peu plus tôt à sa table, elles n'en seraient pas là. Enfin, elle devait être heureuse qu'un de ses hommes qui l'avait elle aussi peut-être menacé se fasse enfin punir pour ses crimes. Ce n'était que justice, et elle ne comprenait pas le regard désespéré de son amie. Quelque chose lui échappait. Il y avait un élément qui lui filait sous le nez, et qui était important pour sa prise de décision... La serveuse s'avança, pour venir à la rencontre de sa sauveuse. Lui attrapa le poignet, sous les yeux écarquillés de la folle. Donc Elityel défendait ce misérable ?

- Aucun! Je sais qu'il mérite de souffrir, mais dois-je vous rappeler que vous êtes dans un établissement public? Vous pourriez vous attirer des ennuis. Laissez-le partir. Il vient de se faire humilier devant ses pairs par ce qu'il considère comme la race inférieur. On ne le reverra pas de sitôt. Pour le punir un peu plus, sa bourse servira à payer la tournée générale! C'est inutile de faire couler le sang.

Calypso ferma lentement les yeux. *Stupide, stupide !!*. Elle n'en revenait pas. *Idiote bornée !*. Les paroles de son amie était hors de propos. Hors de contexte. *Sans cœur !*. Allait-elle continuer les insultes longtemps ? Elle devait ouvrir les yeux, mais ne voulait pas. *Stupide et idiote jeune fille bornée sans cœur...*. Mais qu'il se taise enfin, cet esprit ! Elle avait compris que depuis le début, elle faisait fausse route. Mais totalement. Et il avait fallu les paroles d'Elityel pour le lui faire remarquer. *Stupide et idiote jeune folle imbue d'elle même et avide de pouvoir...*. Elle voulait qu'il souffre. Voulait qu'il paye. Voulait se venger, clairement. Et c'est là que la jeune tavernière avait dit une bêtise. Il ne méritait pas de souffrir. C'est là qu'elles se trompaient toutes les trois. Ce n'était qu'un pauvre cendre épuisé par le travail qui était venu prendre un verre. Et elle était arrivée, les narguant, s'asseyant seule... Il aurait suffit qu'elle dise non. Tout était de sa faute, et cet homme ne méritait en aucun cas de souffrir plus de ce qu'il était, un pauvre cendre. Inutile de faire couler le sang.

Elle ouvrit les yeux. Dans la taverne, pas un bruit. Tout le monde les regardait, effrayés, scandalisés... Elle avait été à deux doigts de jouer à la perle. De torturer pour le plaisir. D'être sans cœur, sans âme. D'être une tueuse sans loi, désirant juste détruire la vie. Cette inconnue l'avait sauvé d'une situation embarrassante, certes. Mais elle n'avait nul besoin de couper des doigts. Elityel tremblait. Elle avait peur. Elle avait osé s'opposer à celle qui avait l'arme. Courageux. Mais un peu sot. Fou aussi. Calypso était folle. Elle tenait à son amie. Elle allait faire une sottise. Elle prit doucement la main d'Elityel, qui était fermée sur le poignet contenant l'arme, et la retira. Ce n'était pas son affaire, et elle n'avait pas à prendre de risques pour elle. Elle bougea, et se plaça entre l'homme et la coupeuse de doigts. Elle avait l'arme, mais ne pourrait pas pour le moment accomplir son dessin. Et avec un peu de chance, l'imbécile derrière se remettrait vite.

- Merci pour votre aide, mais c'était inutile, j'aurais pu me débrouiller seule. Comme l'a dit cette jeune demoiselle, nous ne sommes pas des sauvages, et nous n'allons pas faire couler le sang pour le plaisir. Votre arme n'était pas utile... Maintenant, vous me ferriez un grand plaisir en rengainant votre couteau et en vous asseyant avec moi pour boire un verre, comme l'a suggéré intelligemment Elityel.

Kaleigh prit une grande inspiration, histoire de se calmer, et de ne pas s’emporter brutalement, contrairement à ce que lui auraient dicté ses pulsions. Elle était à deux doigts de craquer. Comment en était elle venu à ce sentiment ? A cause de la succession d’intervention qui venait de se produire sous ses yeux.

Tout d’abord, il y a eu la serveuse. Cette jeune femme osa lui attraper le poignet et la réprimander. Quel droit elle avait de se comporter ainsi envers Kaleigh ? Qui lui avait donné l’autorisation de la toucher ? Mais la jeune femme avait laissé couler, se raisonnant. Elle n’allait pas s’énerver juste parce qu’on n’était pas de son avis. Au pire, ça ne la concernait pas. Si ça la dérangeait tant que ça de faire ça dans la taverne, elle pouvait très bien aller bouger le corps dehors, histoire de pouvoir le punir convenablement là où ça ne dérangerait pas tant que ça. Mais Kaleigh portait son regard sur son poignet qui était retenu par la serveuse. Elle serra les dents, en essayant d’attendre calmement qu’elle l’enlève de son emprise. Ce fut la victime qui enchaina. Elle libéra enfin le poignet de Kaleigh, avant de lui faire, elle aussi, la morale. Et cette dernière réplique fit craquer la jeune tueuse. Elle se mit à éclater de rire. Un rire froid. Elle porta alors son attention sur la jeune femme en blanc, un petit sourire sur les lèvres.

-J’aurais dû alors rester assise et vous regarder vous débrouiller toute seule ! Vu la détermination que vous affichez, on aurait eu un beau spectacle, c’est certain…

Kaleigh ne voyait vraiment pas comment la demoiselle aurait put se débrouiller seule. A coup sûr, elle n’aurait pas apprécié la suite de la tournure des évènements. Elle détourna alors légèrement le regard, pour le poser sur l’homme encore dans les vapes. Non, franchement, elle ne comprenait pas ce genre de personnes. Elle ne pensait très certainement pas ce qu’elle disait, mais le sentiment de pitié qui existait chez la majorité des humains faisait qu’après que le drame soit passé, on se voulait miséricordieux, pour passer pour une personne sainte. Et sa sœur, elle, quand elle s’est faite violer, et avant de se faire tuer, à n’en pas douter, elle voulait lui pardonner à la brute ? Et si ces inconnues avaient connu le même sort, elles tiendraient toujours ces beaux discours ? Elle demandait à voir.

Elle se contenta pourtant d’en rester là. Elle se tourna vers sa tablée, et d’un échange de regards, fit comprendre ce qu’elle voulait à l’un de ses camarades. Il se leva en silence après un temps d’hésitation à lui obéir, et vint les rejoindre. Sans un mot, Kaleigh décala avec force la victime, pour laisser son ami prendre le corps inconscient. Il le prit et commença à partir, avant que Kaleigh ne l’arrête en le prenant par le bras.

-Attends une seconde, la serveuse voulait faire augmenter son chiffre d’affaire.

Elle attrapa la bourse de l’homme, et coupa à l’aide de son couteau le fils qui le retenait à sa ceinture. Pendant que le collègue emmenait le corps inanimé dehors, Kaleigh lança un regard à la fameuse employée de la taverne. Elle lui lança alors la bourse, avant de reporter sin attention sur la demoiselle qui avait été en détresse. Elle n’affichait plus du tout de sourire.

-Merci pour l’invitation, mais je me contenterais du breuvage offert.

Elle rangea son couteau, bien devant elle, pour bien lui montrer au cas où que non, elle ne le gardait pas soigneusement pour massacrer quiconque passerait à côté d’elle, avant de se détourner et de retourner à la table d’où elle était partie. Le silence régnait encore, pesant. Comme pour alléger d’un coup cette atmosphère, tout le monde se remit à parler, se forçant à passer à autre chose, avant que ça ne redevienne naturel. Kaleigh, elle, restait silencieuse. Elle haïssait les hommes du genre de celui qui venait de lui échapper. Qu’est ce qui prouvait que les ennuis allaient s’arrêter là et qu’il n’allait pas en profiter pour essayer de forcer une autre fille ? Parce que si toutes les citadines étaient comme celle qu’elle venait de quitter, jamais l’homme ne comprendrait que ses actes ont des conséquences. Mais elle n’allait pas non plus le pourchasser juste pour cette raison, ça aurait été idiot. A sa table, on fournissait de grands efforts pour l’impliquer dans leurs conversation, alors pour qu’on la laisse tranquille, elle affichait le sourire qu’elle s’était créé, celui que l’on utilise pour cacher quand ça va mal, comme ça, on croit que tout va bien. Mais au fond, elle était bouffée par l’indignation.

» J'ai trouvé deux roses fleurs sur un tas de fumier [pv Hellwind/Roxanna]